mercredi 30 septembre 2009

En Namibie, les enfants sont mieux protégés du sida

Pour les TS, un article du Monde du 01/10/09

Six semaines après la naissance, puis à 6 et 18 mois. Ces trois échéances ont fait trembler Nantanga Saima, une jeune maman vivant dans le nord de la Namibie. Mais à chaque fois le dépistage du sida sur son bébé, Elly, âgé aujourd'hui de 3 ans, s'est révélé négatif. "Lors de ma grossesse, j'ai été testée au cours de ma première visite à l'hôpital, raconte-elle, on m'a dit que j'étais séropositive, j'étais effrayée en pensant à mon futur enfant." Aussitôt, elle entame un traitement à base d'antirétroviraux (ARV). "Sans ce test, je n'aurais rien su, et mon bébé serait peut-être malade comme moi."

Dans cette Afrique australe ravagée par le sida, la Namibie, dont 17,8 % des femmes enceintes sont contaminées, a mis l'accent sur la prévention de la transmission du sida (VIH) de la mère à son nourrisson (PTME). C'est la première cause des infections des enfants de moins de 15 ans. Dès 2002, deux hôpitaux ont proposé aux femmes enceintes un dépistage du virus, puis une prise en charge médicale pendant la grossesse et l'accouchement en cas de séropositivité. En 2008, le dispositif était en place dans 306 établissements de santé.

Il a d'abord fallu briser un tabou. "J'ai mis deux ans avant de parler de ma séropositivité", se souvient Vicky Noa, infirmière à l'hôpital d'Onanjokwe, situé dans la région d'Oshana, près de la frontière avec l'Angola. "Ici, les femmes ne sont pas vraiment libres de révéler leur statut à leur mari." Avant la construction en 2004 d'un bâtiment accueillant spécifiquement les consultations prénatales et celles liées au traitement du sida, les patientes se sentaient stigmatisées lorsque, aux yeux de tous, on leur remettait un dossier vert, signe de leur séropositivité.

Cinq ans plus tard, dans cette région où le taux d'infection est supérieur à la moyenne nationale, une place assise est une denrée rare dans le hall d'accueil du nouveau centre. Au-dessus de la porte d'entrée, une pancarte où il est inscrit "Shanamutango" ("Sois le premier à franchir la ligne d'arrivée"). "Peu de femmes refusent désormais d'être testées", observe le docteur Sithembile Chinyoka, balayant les critiques qui estiment que les patientes sont poussées à accepter. "C'est faux, le test est simplement désormais présenté comme un dépistage de routine." Un petit tiers des femmes enceintes ne poussent toutefois pas la porte du centre, et échappent au dispositif.

Si le dépistage est positif, une minorité est éligible à un traitement à vie aux antirétroviraux. Les autres femmes bénéficient d'un régime spécifique antirétroviral prophylactique à partir de la 28e semaine de grossesse jusqu'à l'accouchement. Le nouveau-né recevra, quant à lui, un traitement les sept premiers jours de sa vie.

Malgré la quasi-gratuité des soins, le suivi du traitement est parfois difficile. "Certaines patientes habitent à plus de 100 kilomètres de l'hôpital, rappelle Sydney Mukondomi, responsable du projet VIH, elles n'ont pas forcément l'argent pour prendre un taxi collectif." Pour réduire les distances, un système de distribution décentralisée des médicaments a été instauré en 2008. Krestina Shigwedha s'en réjouit. "Je peux désormais aller à pied une fois par mois au centre le plus proche", explique cette mère séropositive qui, ce matin-là, s'est levé à 4 h 30 et a marché quatre heures sur une piste de sable avec Wilbard, son fils malade âgé de 9 ans, pour rejoindre le centre de santé d'Onayena.

Après la naissance, l'enfant doit continuer à être testé car il peut encore être contaminé par le lait maternel. "A sa naissance, ma fille Julia était séronégative, mais un an et demi plus tard, elle était devenue malade comme moi", raconte Hilda Simmon. Cette mère, âgée de 31 ans, a allaité sa fille pendant un an. Une période trop longue selon les spécialistes qui conseillent de stopper après quatre à six mois. "Dans les pays riches, ce n'est pas un problème car il y a une nutrition de substitution mais ici la pauvreté n'offre pas ce luxe", compare Ian MacLeod, représentant de l'Unicef en Namibie. Pour réduire le nombre de cas d'enfants victimes de malnutrition, l'hôpital a lancé en octobre 2008 un programme de thérapie nutritive...

Sébastien Hervieu

Cet article vous a plu ? Retrouvez le en intégralité dans le Monde, édition du 01.10.09.

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