Un article du Monde, à retrouver en intégralité au CDI dans l'édition du 19/12/09.
Autant se rassurer tout de suite : l'Apocalypse n'est pas pour vendredi 13 avril 2029, ni même pour dimanche 13 avril 2036. A ces deux dates, Apophis, imposant astéroïde de près de 250 mètres de long, ne fera, selon toute vraisemblance, que frôler la Terre. Les astronomes de la NASA, qui viennent de recalculer la probabilité d'un impact, estiment finalement celle-ci à un risque sur 250 000 en 2036 - la probabilité tendant vers zéro pour 2029.
Lors de sa découverte, en juin 2004, les premiers calculs de mécanique céleste donnaient une probabilité de collision de 2,7 % en 2029. En définitive, le bolide devrait tout de même, à cette date, passer à une altitude légèrement inférieure à 30 000 km, c'est-à-dire à quelque 6 000 km au-dessous des satellites géostationnaires...
Aucun risque, donc. Ou presque. Pour autant, Apophis offre aux astronomes un passionnant cas d'école permettant d'imaginer ce que pourrait être une possible réaction de la communauté internationale face à la menace d'un gros géocroiseur. Plusieurs scientifiques animaient, mercredi 16 décembre à San Francisco (Californie), à l'occasion du congrès d'automne de l'American Geophysical Union (AGU), un atelier sur ce thème. Et, contrairement à l'intuition, les obstacles à surmonter ne seraient pas tant scientifiques et techniques que... géopolitiques et diplomatiques.
L'ancien astronaute Russell Schweikart, président de la Fondation B612 (du nom de l'astéroïde du Petit Prince de Saint-Exupéry), montre un planisphère barré d'une courbe rouge. C'est sur un point de cette courbe, qui part du nord de la mer Noire, traverse toute la Russie, le Pacifique, descend vers l'Amérique centrale puis poursuit vers l'Atlantique avant de s'achever en Afrique, qu'Apophis est susceptible de s'écraser. Avec comme pouvoir de destruction l'équivalent d'une déflagration de 500 mégatonnes - 30 000 fois la bombe d'Hiroshima.
En dépit d'un récent rapport de la NASA concluant à une plus grande efficacité d'user d'une déflagration nucléaire pour se débarrasser du danger, l'une des solutions, couramment envisagée, est l'envoi d'un vaisseau à la rencontre du géocroiseur, afin de le dévier de son orbite. "On choisit alors en réalité de le faire arriver plus tôt, ou plus tard, à son point de rencontre avec la Terre, explique M. Schweikart. Or cela équivaut à déplacer la probabilité de collision d'un côté ou d'un autre du couloir d'impact." Ainsi, en essayant de ralentir sa course, on tente de faire passer le dangereux importun après la Terre, mais la probabilité de collision est alors plus forte sur la Russie... Dans le cas contraire, c'est plutôt du côté de l'Atlantique et de l'Afrique que la menace, résiduelle, se concentre. Comment choisir ? "Ce n'est pas à la NASA ni aux Etats-Unis de choisir, c'est au monde !", dit l'ancien astronaute. Ce dernier doit présenter aux Nations unies, en juin 2010, un rapport de l'Association of Space Explorers (ASE), organisation internationale qui regroupe les professionnels de l'exploration spatiale, demandant un cadre formel de prise de décision, au sein des Nations unies, en cas de détection d'un objet menaçant.
Stéphane Foucart
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