Un article du Monde destiné surtout aux élèves de Première S, L et ES
Les sciences du cerveau peuvent-elles contribuer à améliorer les campagnes de prévention contre le tabagisme, l'obésité, et autres problèmes sanitaires d'importance ? Depuis que les autorités canadiennes, au tournant du millénaire, se sont appuyées sur une étude par imagerie cérébrale pour tester l'efficacité des images-chocs imposées sur les paquets de cigarettes, la question intéresse de plus en plus les politiques. En témoigne la journée d'étude "Neurosciences et prévention en santé publique", organisée à Paris, le 16 juin, par le Centre d'analyse stratégique, organe dépendant du premier ministre dont la mission est d'éclairer le gouvernement dans ses grandes orientations.
Dans le détail, certes, on est encore loin de comprendre comment fonctionne cette fabuleuse boîte noire qu'est notre cerveau, et plus encore de saisir les rouages de la pensée humaine. Par petites touches, les neurosciences n'en permettent pas moins de mieux décrypter le comportement humain. Notamment depuis l'avènement de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) : une technique d'exploration cérébrale qui visualise avec une grande précision, en temps quasi réel, les zones du cortex en activité. Et permet donc de mieux estimer, au fil des expériences, le rôle joué par les émotions dans les processus d'attention, de mémorisation et de prises de décision du consommateur ou du citoyen.
Utiliser ces enseignements pour influencer les fumeurs et les gros mangeurs à réduire leur consommation, ou pour limiter les intoxications domestiques grâce à un marquage plus efficace des produits ménagers : en France comme à l'étranger, cette approche est désormais considérée comme prometteuse. "Les sciences du cerveau ne constituent pas une recette miracle garantissant l'impact optimal d'une campagne, mais elles sont devenues une méthodologie complémentaire aux outils classiques utilisés en communication", précise Olivier Oullier, maître de conférences en neurosciences à l'université de Provence et conseiller scientifique au Centre d'analyse stratégique.
Rappelant que le secteur privé, lui aussi, suit de très près les avancées des neurosciences cognitives, ce chercheur a opté pour le pragmatisme. "Si de nouvelles techniques permettent d'améliorer l'efficacité des messages publicitaires, il n'y a pas de raison pour qu'elles ne soient pas mises également au service des campagnes de santé publique", insiste-t-il. Pas de raison, par exemple, que les résultats des neurosciences soient utilisés par l'industrie agroalimentaire sans que les campagnes de prévention contre l'obésité n'essaient également d'en tirer parti.
Facteur de risque majeur de plusieurs maladies graves et chroniques, l'obésité, selon les estimations actuelles, concerne en France un adulte sur six. Des multiples travaux menés pour comprendre son étiologie, il ressort que cette pathologie résulte de l'interaction de facteurs sociaux, psychologiques, génétiques, physiologiques et cérébraux. C'est sur cette dernière composante que les données des neurosciences peuvent apporter leur éclairage.
Catherine Vincent
Cet article vous intéresse ? La suite dans l'édition du 09.08.09. du journal Le Monde (au CDI)
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